« Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée… »
Ainsi débutait le retentissant appel lancé par l’Abbe Pierre, le 1er février 1954, contre le fléau du mal-logement. Aujourd’hui, en pleine crise du logement, son combat est toujours d’actualité, alors que le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a choisi cette date, presque 70 ans jours pour jour, pour faire ses annonces pour le logement.
En 2024 : 4,2 millions de personnes souffrent toujours de mal-logement et vivent dans des logements trop chers, mal isolés ou franchement insalubres ; 330 000 restent sans domicile.
Dans sa première déclaration, Gabriel Attal propose de reculer sur la loi SRU, instituée pour garantir un taux de 25% de logements sociaux dans chaque ville comportant au moins 3500 habitants. Alors que l’urgence reste de pouvoir accéder à un logement abordable, le gouvernement veut intégrer les logements dits « intermédiaires » dans ce calcul, pour désengager les maires de l’objectif des 25 % de logements sociaux , et donc se trouver artificiellement en conformité avec la loi.
La CSF rappelle que les loyers des logements intermédiaires sont en grande majorité totalement inaccessibles aux familles populaires. Ces logements ont du mal à rencontrer leur public notamment quand ils sont situés en dehors des zones attractives des grandes métropoles. Ils représentent l’assurance pour les collectivités riches de garantir un entre soi, l’exact contraire de la diversité sociale que nous voulons faire vivre.
Quelle aubaine pour les Maires défaillants qui refusaient jusqu’ici d’assumer leurs missions en matière de production de logements sociaux : pouvoir prétendre faire de la mixité sociale sans reloger de pauvres !
Sur la question des attributions, il est proposé que les collectivités aient la main pour les premières attributions dans le parc social neuf. Encore une fois, on offre la possibilité aux Maires d’assumer une politique clientéliste à rebours des objectifs de mixité sociale. Les familles ont besoin d’égalité et de transparence dans l’attribution des logements sociaux.
Plus que jamais, le droit au logement reste un combat. L’urgence d’un réel service public du logement reste d’actualité, pour produire enfin des logements abordables et de qualité !