« Mon espace santé » remplace le Dossier médical partagé

« Mon espace santé » remplace le Dossier médical partagé :

Des inquiétudes graves quant à la sécurité de nos données médicales et au respect de notre vie privée

 

 

 

Jusqu’à présent existait le Dossier Médical Partagé (le DMP), qui pouvait être ouvert uniquement sur l’initiative de l’assuré via la création d’un compte sur le site du service ou via une pharmacie. Celui-ci reste un immense échec, car ce dispositif a coûté cher à mettre en place au vue de sa quasi non-utilisation. 

 

Depuis le 1er janvier 2022, celui-ci sera intégré à un « Espace santé » numérique crée automatiquement, où seront regroupées l’essentiel des données de santé de chaque assuré, sans son accord préalable. Entre la fin janvier et la fin avril, un mail ou un courrier vous sera envoyé, comprenant un code provisoire de connexion, et vous invitant à accepter ou vous opposer à la création de votre compte numérique.

 

Cet « Espace santé » comprendra un agenda de vos rendez-vous médicaux, un stockage des ordonnances et autres fichiers médicaux (le Dossier Médical Partagé), comme les comptes-rendus des dernières opérations, les examens, les vaccinations, ainsi qu’une messagerie pour échanger avec les médecins et un catalogue de services numériques publics et privés. Tous les médecins auront accès à vos données, si toutefois vous leur donnez votre code. Ils pourront alors consulter votre groupe sanguin, vos antécédents, vos dernières opérations, vos traitements. Chaque Français sera doté à partir 1er janvier d’une Identité Nationale de Santé (INS), c’est ce numéro qui permettra aux professionnels de vous retrouver sur la plateforme.

 

Si vous souhaitez accepter la création de l’Espace santé : vous n’avez rien à faire puisque la procédure est automatique. Il vous faudra ensuite d’utiliser votre code provisoire de connexion, votre numéro de Sécurité Sociale ainsi que le numéro de série de votre carte vitale pour y accéder lors de votre première connexion.

 

Si vous souhaitez vous y opposer : vous pouvez le faire durant le délai de 6 semaines après réception du mail / courrier, avant son ouverture automatique, soit sur le site MonEspaceSante.fr ou par téléphone au 3422. Pour ce faire, vous aurez également besoin de votre code provisoire de connexion (donné dans le courrier ou courriel) et de votre carte vitale (numéro de Sécurité Sociale et numéro de série).

Si l’Espace santé a été crée et que vous souhaitez le clôturer : il est possible de clôturer à tout moment votre compte. En se connectant à MonEspaceSante.fr, dans la rubrique “Paramètres”, vous pourrez fermer votre compte et télécharger vos données. Les données seront alors immédiatement supprimées de Mon Espace santé mais resteront archivées 10 ans par l’Assurance Maladie. Vous pouvez demander de manière expresse leur suppression (effective sous 3 mois).

 

« Mon Espace Santé » est un dispositif qui pose question, en termes de sécurité des données médicales des patients tout d’abord, notamment lorsque l’on se souvient qu’en septembre 2021 l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a subi une attaque informatique ayant entraîné la fuite des données des tests Covid-19 de 1,4 million de personnes.

 

Pour la journaliste santé Coralie Lemke, autrice de « Mes donnés, ma santé », il existe un « gros manque de clarté » sur les protections mises en place dans le cadre du lancement de ce dispositif : « on est dans le flou. La moindre des choses serait de mieux nous informer ! ». « Ce n’est pas très rassurant » estime Coralie Lemke.  « Nous avons tous l’impression d’être invulnérables et de n’avoir rien à cacher mais, en réalité, on a tous et toutes quelque chose à cacher ! » explique-t-elle. Car, faute de sécurisation optimale de nos données, le risque est bien là : les voir dévoilées au vu et au su de tous, sur internet, dans un but malveillant ou revendues à des sociétés peu scrupuleuses. Et pour ceux qui travaillent, voir ces données très personnelles révélées à l’employeur peut s’avérer catastrophique.

 

Outre la sécurité des données de santé, un autre point alarme les usagers et les associations de patients : le respect de la vie privée et du secret médical. Comme La CSF, nombreux sont celles et ceux qui s’inquiètent du poids de leurs antécédents médicaux — consultables par tous les soignants qui assurent leur suivi — sur leur prise en charge actuelle.

 

Précisons enfin que le consentement au partage des données de santé avec une « équipe de soin » peut être retiré à tout moment. Il est également possible de demander à son médecin traitant de masquer (sans supprimer) certaines informations aux yeux d’autres soignants que lui-même. Comme indiqué plus haut, une dernière option est de s’opposer à la création de son « Espace santé », dans un délai de six semaines après la réception du courriel ou courrier de l’Assurance Maladie notifiant de la création de l’espace. Mais pour exercer ces options, encore faut-il savoir qu’elles existent.